Et ça c'est une nouvelle assez récente que j'ai écrite suite au voyage à Paris pour la prof de français (y'avait des phrases bizarres à mettre dedans- je vous mettrai la première page de présentation quand la prof m'aura rendu mon travail)
Eh ! ma Cuillère !
« Bon alors ! »
Une voix microphonique retentit haut et forte sortant des trous étranges se dessinant au dessus de moi... Réveillée en sursaut, je mis un certain temps avant de me rendre compte que j'étais assise -évidemment- dans le bus, direction la capitale, que j'avais pris le matin-même avec mes camarades de classe. Les trous zénithaux informes que j'avais eu du mal à distinguer ce révélèrent alors être ceux de la ventilation et du haut-parleur qui continua de tonitruer :
« Nous sommes en ce moment dans la banlieue de Paris.
-Déjà ??? pensais-je avec un petit regret... j'aurais bien voulu dormir quelques heures de plus...
-Comme certains d'entre vous ne sont jamais venus ici et n'ont jamais pris le métro, on va vous faire un petit cours de repérage... Prenez vos plans du côté où vous voyez toutes les écritures. »
Je dépliai mon plan en suivant attentivement les instructions. Bien que je m'en serai largement passé... pour moi c'est idiot de se perdre alors qu'on trouve des panneaux partout autour de soi et en plus ! On nous a distribué un plan ! Alors que certains n'aient pas le sens de l'orientation, passe encore, mais ne pas savoir lire un plan... je désespère. Quand est-ce que les profs nous prendront enfin au sérieux ?
Après les -tout de même intéressantes- explications sans fin de M. Makiarelli, professeur d'arts plastiques et grand organisateur du voyage, nous eûmes le privilège d'avoir une visite guidée de Paris depuis nos sièges bien confortables. Passant d'un bord à l'autre de la Seine, admirant Notre-sympathique-Dame de Paris et le Louvre, vu de derrière... -eh zut on a même pas pu voir la pyramide de verre- je ne pouvais m'empêcher de regarder les bouquinistes s'affairer devant leurs boxes verts en me disant : « Quand je serai vieille, je ferai bouquiniste ». Je suis déjà bien partie vu que je suis dans la branche littéraire (1ère L), non ?
« Bon vérifiez bien que vous n'avez rien oublié dans le bus et prenez bien de quoi écrire »
Ah oui c'est vrai ! On est déjà au Quai Branly ! Makia venait de nous parler de la façade végétale du musée ! J'étais dans la lune ou quoi ? Une façade qui fait écho à la jungle qu'il avait dit.
Après être descendus du car, notre troupeau se dirigea vers l'entrée qui, on peut le dire, coupe les gens du monde. En effet, en entrant, un mur transparent insonorise le site et c'est comme si l’on entrait dans une forêt impénétrable. Mais l'on ne s'y perd pas, du moins pas encore car la végétation n'est pas encore à son maximum. Après un parcours dans le labyrinthique jardin de Gilles Clément peuplé de cachettes semblables parfois à une case africaine, un sanctuaire façon Stonehenge, un jardin zen japonais, en passant par un amphithéâtre végétal, et après avoir admirer les insectes et feuilles pris aux piège dans la résine et incrustés dans le sol, l'on passe sous le musée pour atteindre l'entrée cette fois intérieure du bâtiment.
Pendant une courte pause, alors que les professeurs se démenaient pour nous chercher les entrées réservées, je me promenais dans la librairie du musée avec Anabelle et Yévan, ce qui nous donna un avant goût de l'exposition.
« Eh regarde par ici Emma ! » s'exclama Ana en me désignant du doigt un rayon garni de fabrications artisanales imitation africaine.
« Wah ! C'est trop bien fait ! » dis-je en guise de réponse.
Je fis alors l'acquisition d'une belle cuillère en bois sculptée, payée 2€50, que je rangeais précieusement dans ma poche de pantalon.
Enfin ! Enfin nous pouvons admirer l'exposition des arts premiers du musée, il était temps ! Je n'en pouvais plus d'entendre les professeurs se répéter. Depuis plus de deux mois ils nous parlent du primitif, de l'harmonie avec la nature, des ethnies... On a compris ! Pourquoi Makia-vellique nous fait encore un discours sur le musée avant d'entrer dedans... Il nous l'a déjà fait en cours !... Bref passons.
Après nous être dégagés du superflu, (manteaux, écharpes, bonnets et sacs) et armés de nos blocs-notes, direction le premier étage !
Sur le chemin tout en admirant des films -certains ethnologiques d'autres représentant des éléments naturels ou encore des animaux- s'étalant autant sur le sol que sur les mur, l'on remarque que la passerelle, qui nous projette déjà dans les altères cultures et dans la nature, prend un aspect bosselé et s'assombrit. L'on passe alors dans une véritable grotte avant de déboucher à l'étage où des milliers d'oeuvres sont exposées comme sur les parois d'une immense caverne sombre. Bien sûr les vitrines sont éclairées, nul besoin d'une torche pour explorer les différentes contrées du musée.
Parcourant les innombrables allées remplies de masques expressifs, voire effrayants, de peintures pointillistes océaniennes, de pierres taillées maories ; cheminant parmi les tenues traditionnelles provenant d'Asie, les pots décorés, les silhouettes découpées qui servaient autrefois à l'occasion de spectacles d'ombres chinoises ; chaque virage demeurait un éternel émerveillement. Tant de peuples, tant de croyances, tant d'objets ! C'était vraiment fantastique !
À l'étage supérieur l'on pouvait aussi trouver des expositions de photos et quelques autres rares objets ethnologiques (surtout des manuscrits de grands explorateurs), nous y fîmes un tour rapide mais le meilleur était en bas. ! Il y avait aussi une exposition temporaire de photos de la bouche d'une artiste qui s'amusait à la mettre bizarrement en scène, à la peindre et à lui faire faire d'autres trucks étranges, cela nous a quand même bien amusé, même si nous ne sommes pas resté longtemps devant.
« Yo les gens ! appela une voix derrière nous. C'était Arnaud, un première L -plasticien- qui passait par là.
-Vous auriez pas croisé Clément par hasard ?
-Non, répondis-je, pourquoi tu l'as perdu ?
-Ouais c'est ça on s'est séparé pour prendre des notes pis je le retrouve plus !
-Ah Ah ! Ça nous est arrivé tout à l'heure avec Emma ! fit remarquer Anabelle.
-Ah oui pour sûr ce musée est un vrai labyrinthe, j'espère qu'on retrouvera quand même la sortie ! s'exclama Yévan.
-Ça vaudrait mieux pour nous oui ! répondis-je. Arnaud tu veux rester avec nous ?
-Ouais je veux bien ! »
Nous continuâmes la visite du côté asiatique. En passant nous entrâmes dans des sortes de grottes creusées dans le mur. En fait, vu du côté extérieur ça donne des boîtes qui ressortent du mur. Elles sont dans les tons ocre, bruns et noir, des couleurs pures, de terre ou de carbone, comme celles qu'utilisaient les peuples premiers. Le mur d'où elles ressortent est constitué de poutres en bois, -matériau naturel- et l'on peut reconnaître une forêt amazonienne à travers. Sur les autres façades on retrouve aussi un esprit asiatique avec une architecture en forme de sabres, un esprit organique (mur végétal), un esprit animal (construction en forme de bulot ou coquillage), et j'en passe, le musée est vraiment hétérogène. Mais revenons à l'intérieur.
Nous nous amusions à nous faufiler dans les boîtes-grottes du mur, du moins dans celles qui étaient éclairées. En effet il y avait des problèmes d'éclairages et certaines parties du musée étaient plongées dans le noir. C'était un peu effrayant par moments lorsqu'on passait devant des cranes et autres figures en colères.
« Eh les gens ! Venez voir ça ! C'est magnifique !!! s'exclama Yévan.
Nous nous rapprochâmes.
-AH ! AH ! AH ! » Il y eu un fou rire dans l'assemblée. Yévan venait de nous montrer une vitrine vide avec une pancarte où il était écrit en tout petit : « Vitrine en cours d'installation ».
Un peu plus loin, je vis deux employés en train de réparer l'éclairage d'une vitrine. L'un tenait l'ampoule tandis que l'autre était couché précautionneusement dans le présentoir et bidouillait quelques fils. Selon les bribes de conversation que je surpris par hasard, celui qui tenait l'ampoule n'aimait pas trop ce qu'il voyait autour de lui, en effet, il était entouré de sculptures faites avec des têtes d'animaux, des os et des peaux de bêtes. S'adressant à celle qui se trouvait en face de lui il grogna :
« Carcasse, où est ta place ici, gêneuse, pisseuse » puis se retournant vers son collègue qui venait de donner malencontreusement un coup de coude dans un vase en terre cuite « pot cassé ? » lança-t-il.
« Non non ça va, rien de cassé ! J'ai eu chaud » répondit l'autre.
Je continuai la visite. Apparemment, pas mal de personnes trouvent que certaines oeuvres ne méritent pas d'être reconnues en temps que telle... C'est une vraie polémique. Ma foi, c'est vrai qu'à l'origine le but de tous ces objets n'était pas celui de finir dans un musée et d'être contemplés de tous...
Plus loin, dans la section africaine, je me trouvai encore devant une boîte plongée dans le noir. Décidément il y a eu un violent orage qui a endommagé les circuits électriques récemment ou bien ? Décidée à repartir plus loin, je fis demi-tour. Mais Yévan m'arrêta en se postant devant moi avec un air réjoui :
« Dans le noir nous verrons clair mes frères ! déclara-t-il en sortant une lampe-de-poche de son jean.
-Wow ! Alors là respect ! s'exclama Arnaud.
-Ah ah ! Trop fort ! Et tes soeurs elles verront clair aussi ? lançais-je.
Il y eu un second fou rire général puis Yévan repris :
-Ok ! Ok ! Dans le noir nous verrons clair mes frères ET soeurs !
Nous entrâmes alors dans l'antre d'une des grottes-vitrines.
-T'aurais pu la sortir avant ta lampe, fit remarquer Ana.
Nous étions tous au centre de la boîte.
-Ah oui mais je viens seulement d'y penser désolé ! Répondit Yévan.
La lumière s'éteignit et nous fûmes tous plongés dans le noir. Je ne pus m'empêcher de pousser un cri :
-Ahhhh ! Pourquoi t'as éteint la lumière !!!
Je n'eus aucune réponse. Au lieu de ça, je vis un monstrueux visage déformé par la lumière de la lampe émerger des ténèbres.
-AHHHH !!!!! » Cette fois je fis un bond monumental et je me cognai contre une vitre.
Tout se passa très rapidement. L'alarme retentit, nous entendîmes des bruits de pas se rapprocher en courant. Une demi-douzaine d'agents de sécurité nous crièrent des consignes, incompréhensibles à cause du bruit, puis nous fûmes plaqués au sol.
L'alarme s'arrêta. Certains agents nous éclairèrent le visage tandis que d'autres commençaient à nous fouiller.
« J'ai trouvé ! s'écria l'un d'eux. Il venait juste de sortir la cuillère africaine en bois de ma poche.
-Bien joué Jean ! répondit le plus grand.
Mes amis n'avaient pas l'air de comprendre ce qui se passait.
-Eh ! Mais attendez ce n'est....
Le grand agent me coupa.
-Teuh ! Teuh ! Teuh ! Pas de mais qui tienne jeune fille, on vient de trouver ceci dans ta poche ! grogna-t-il en me montrant la cuillère. Tu as une explication ? J'aimerai bien entendre ton excuse !
-Je l'ai acheté à la librairie du musée !!! » m'écriais-je.
L'agent haussa un sourcil. Il n'avait pas l'air très convaincu.
La lumière s'alluma miraculeusement. Les agents éteignirent leurs lampes et commencèrent à ausculter la salle.
-Ah tiens ! Ils ont enfin remis le courant ! s'exclama l'un d'eux.
Le grand agent écarquilla les yeux puis déclara :
-Relâchez-les ! » (Apparemment c'était leur chef.)
-Hein mais pourquoi ? Demanda le garde qui tenait Arnaud.
-Regarde autour de toi, répliqua-t-il, tu vois bien que rien n'a été volé ici, aucune vitrine brisée, aucun désordre, à mon avis l'un d'eux à du s'approcher trop près de l'un des présentoirs.
Heureusement, l'agent avait de la jugeote.
-Néanmoins, continua-t-il, cela n'explique pas ce que vous faisiez ici dans le noir et pourquoi vous avez une cuillère africaine dans la poche jeune fille !!
Les agents nous laissèrent nous relever.
-Vous dîtes l'avoir achetée, avez vous gardé le ticket de caisse dans ce cas, je conçois que nous ayons pu nous tromper car il est vrai que la ressemblance est grande entre vrai et toc.
Je fouillai dans ma poche. Par chance j'en ressortis le ticket que j'avais glissé avec la cuillère. Je lui tendis.
L'agent l'examina attentivement puis me le rendis, avec la cuillère.
-Soit, allez c'est bon pour cette fois les jeunes, dit-il en faisant un clin d'oeil à Yévan qui tenait toujours sa lampe sous son menton sans s'en rendre compte. Mais ne recommencez pas, sinon ça va chauffer pour vous ! Déguerpissez !
Ni une ni deux nous nous dépêchâmes de filer. Je pense que l'agent avait compris que c'était juste une blague qui avait pris de trop grosses proportions. Je ressortis mon ticket, il était bien écrit « Jeudi 22 novembre 13H26, cuillère africaine 2€50 ». Je me dis alors, comme « la vie ne tient qu'à un fil », que la liberté ne tient vraiment qu'à un bout de papier !
« J'ai pas tout compris, » dit Yévan en me voyant sortir le ticket.
J'expliquai alors à tous, -sauf à Ana qui avait fini par comprendre- pourquoi j'avais été accusée de vol. Ce qui nous fit bien rire, encore une fois.