Spirale
Un autre manga que j'aimerais vous faire découvrir, qui va changer votre vision des spirales à tout jamais...
Fiche techniqueManga de ITO JUNJI
Thématique : Horreur/Apocalypse
Genre : Kowai
Titre original : Uzumaki
Nombre de volumes : 3 (édition complète)
Editeur français : Éditions Tonkam
Pric : 9€RésuméKirie Goshima, une jeune lycéenne, vit dans une petite ville japonaise de bord de mer nommée Kurouzu, ville qui ne présente aucune particularité exceptée celle d’être un peu coupée du monde, par la mer et par les montagnes qui l’encerclent. Kirie est une jeune femme comme les autres, qui partage sa vie entre sa famille, ses camarades de classe et son petit ami Shuichi, élève au lycée de Midoriyama. une jeune fille sans histoire dans une ville sans histoire.
Sauf que le père de Shuichi commence à se comporter assez bizarrement : il passe ses journées à observer divers objets en forme de spirale. Des spirales, il y en a de plus en plus à Kurouzu : rafales de vent tourbillonnantes, remous et tourbillons plus fréquents dans les ruisseaux de la ville... et Shuichi qui désire partir de Kurouzu pour des raisons obscures... La malédiction de la spirale est en marche dans Kurouzu...
AvisPremier kowai manga publié en France (au Japon, il est avant tout destiné à des jeunes filles, Ito a dû donc prendre cette réalité en considération), force est de constater que nous nous trouvons en présence d’une oeuvre de genre en tous points maîtrisée : court, percutant, cohérent, dense, dérangeant, malsain.
Absolument tous les récits du manga ont un lien avec la spirale, objet banal à première vue, mais qui recèle beaucoup de particularités intéressantes pour un auteur d’histoires horrifiques : la spirale possède un pouvoir hypnotique indéniable : elle fascine, et paraît infinie, elle attrape l’oeil qui se perd en son centre. Tout cela contribue à en faire un objet plutôt inquiétant. Ito exploite à fond ces particularités, et joue avec en les projetant sur des humains victimes de son pouvoir. Ainsi interprète-t-il la capacité de la spirale à attirer l’oeil comme une volonté, un désir narcissique.
Exemples de planches réalisées Les ficelles narratives ne suffisent pas pour réaliser une bonne bande dessinée d’horreur. Si le dessin ne suit pas, l’auteur aura beau pondre le récit le plus effrayant jamais vu, le tout retombera comme un vieux soufflé. Heureusement pour nous, Junji Ito est au sommet lorsqu’il entreprend de dessiner Spirale.
Dans Spirale, il maîtrise parfaitement les différents personnages de son récit, ce qui lui donne le loisir d’en faire à peu près ce qu’il veut. La grande difficulté réside en effet dans les déformations des humains : Ito dessine des gens se transformant en spirales humaines, en escargot... Tout cela demande une énorme rigueur au niveau anatomique, sous peine de tomber dans le ridicule, et un talent de caricaturiste. En effet, l’art d’Ito consiste à prendre un détail et à le grossir à l’extrême. Grossir un détail d’une personne, tout en faisant que l’on reconnaît cette personne c’est le travail du caricaturiste. Cela requiert un trait réaliste, mais en même temps d’une grande souplesse, afin de s’adapter aux déformations tout en gardant les traits de base qui font que l’on va reconnaître la personne. Une alchimie complexe en somme, un équilibre à trouver entre grande rigueur et folie débridée.
Qui dit caricature dit humour, et le dessin de Junji Ito n’en manque pas. Cela peut paraître paradoxal, mais l’humour a toujours été quelque chose de proche de l’horreur. Après tout, se moquer des tares et défauts des autres est monnaie courante, et cela n’empêche pas la peur, même si mélanger les deux comporte des risques de basculer dans un piètre grotesque. Ainsi, si la transformation progressive et lente de Katayama en escargot dans le tome deux est horrible, elle est aussi drôle quelque part, dans les efforts ridicules que celui-ci fait pour se mettre assis alors que son corps devient invertébré et dans sa manière de se transformer elle-même.